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La Curieuse et l’Amateur

Nous vous avions annoncé le tournage d’un film de fiction sur nos puces (ou plutôt à partir d’elles). Et bien, le tournage est terminé, et Emmanuelle, la très jeune réalisatrice, est en train de finir le montage. Elle présentera le moyen-métrage très bientôt à son école de cinéma (l’ENSAD, c’est un projet de fin d’étude).

Elle racontait en mars la genèse de son film : « Au cours de repérages aux Puces de Vanves, je suis rentrée en contact avec des collectionneurs et des brocanteurs qui voulaient bien « être » du film. A partir de ces rencontres, j’ai inventé des personnages et écrit des scènes inspirées de la réalité qui constituent aujourd’hui le scénario du film, et qui pourrait se résumer ainsi : C’est le récit d’une jeune femme qui constitue une collection de brèves rencontres avec des collectionneurs, ces rencontres sont le plus souvent furtives et ne satisfont pas sa curiosité qui se fait de plus en plus vive. Mais un jour, la curieuse réussit à pénétrer l’intimité d’un collectionneur qui accepte de lui montrer sa collection… ».

***

Emmanuelle nous a très gentiment permis de divulguer une partie du scénario. En voici quelques extraits.

Première partie (tournée aux puces), en six scènes. 1. « Un homme à côté d’elle regarde la curieuse. Après que le marchand ait annoncé son prix, elle repose l’objet. L’homme s’en empare alors. Leurs mains s’effleurent. Voyant que l’homme est intéressé par la pipe, elle ne la lâche pas complètement ».

2. « Ah ça, c’est une pièce rare et magnifique, vous savez – et il lui explique le fonctionnement de l’objet. Puis la voix chamailleuse de Jessica, hors champ (fort accent sud-américain) interpelle Vu Lê et vient se confondre avec la voix de Pierre : Non mais il n’est pas croyable celui-là, le collectionneur de photographies, on ne parle pas comme ça aux femmes… La curieuse s’adressant à Vu Lê : Vous êtes collectionneur ?Oui, oui ma passion c’est les photographies, les daguerréotypes et toutes les optiques… Je peux vous inviter prendre un café ? ». 3. « La rencontre avec Marc, devant la baraque à frites couleur de fête foraine. Marc est penché sur les objets d’un stand. Un petit satyre en bronze. Quand la curieuse s’approche de lui et le fixe, elle danse doucement sur place. Il y a de la musique, jouée en direct par un musicien au piano ambulant ». 4. « La curieuse tient dans ses mains une vieille boîte en carton sur laquelle on peut lire : LA BROSSE RIPOLIN NE PERD PAS SES POILS. Juste derrière elle, J.-J. Lebel observe une affiche ancienne. En bas de l’affiche, il y a écrit : JOIE D’ENFER SUR LUCIFER. En face d’eux est posé un miroir ». 5. « Puis Jackie qui s’est approché de la curieuse lui dit : J’ai une gueule hein quand même ! J’ai une gueule hein ! J’suis acteur moi tu rigoles ! C’que je fais là moi c’est du cinéma. Tu vois pas, c’est comme si j’étais sur un plateau ! Elle tire sur sa cigarette, et désigne de la tête la petite boîte pleine de photographies. C’est combien le lot de photographies ? Jackie : J’te l’fais à 10 ». 6. « Au moment où les brocanteurs remballent. Le garçon discute avec Claudio qui lui raconte l’histoire du tableau de Rouault de Sacha Guitry. Elle se rapproche, assise au cul du camion, elle écoute. Mais les yeux de la jeune femme se détachent peu à peu des deux collectionneurs, pour parcourir les stands qui se vident d’objets. Elle finit par poser le regard sur la tête de sanglier et ses yeux béants (sur un étal, est posé un « massacre », une tête empaillée de sanglier). Elle frémit, détourne le regard. On la voit repartir sur le trottoir vide, plein d’objets sous le bras ».

La deuxième partie se passe chez un collectionneur. On vous dira seulement que ce collectionneur existe bel et bien, qu’il vient aux puces pratiquement chaque semaine, et qu’il a aussi publié un livre savant sur sa passion. C’est aux puces qu’Emmanuelle l’a abordé et qu’elle a su le convaicre de jouer pour elle.

Troisième et dernière partie : dialogue entre la curieuse et son père, à la campagne. Juste un extrait : « Lui : Tu connais l’histoire du facteur Cheval ? Elle : C’est toi qui me l’as racontée. Ferdinand Cheval était facteur, il avait bâti un palais dans un rêve. C’était si joli, si pittoresque que dix ans après il restait gravé dans sa mémoire. Au bout de quinze ans, au moment où il avait presque oublié son rêve, son pied lui en rappela l’existence. Lui : Son pied avait accroché un obstacle qui faillit le faire tomber. C’était une pierre de forme si bizarre qu’il la mit dans sa poche pour pouvoir l’admirer à son aise. C’était une pierre molasse, travaillée par les eaux, endurcie par la force du temps, aussi dure qu’un caillou. Une sculpture tellement bizarre qu’il était impossible à l’homme de l’imiter : elle représentait toute espèce animale. Cheval se dit : Puisque la nature veut faire la sculpture, moi je ferai la maçonnerie et l’architecture ».

Commentaire (1)

  1. je suis un petit collectionneur de produits Heineken, passés me voir, ça me ferais plaisir.
    merci pour votre visite
    mon blog
    http://heineken.collection.over-blog.com

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