Même si vous n’avez pas le pied marin, vous devez aller voir, avant l’été, cette exposition. Elle commence par une partie historique retraçant l’histoire des uniformes de la marine : origine de la rayure, contenu du sac de marin…
D’authentiques tenues, superbes, sont exposées ainsi que des gravures et photographies d’époque.
On y apprend les bases du vocabulaire marin :
Le tricot rayé. Attention, dans le langage marin, on dit le « tricot rayé » et non pas la « marinière » (un dérivé tardif). Dans sa conception d’origine, vers 1858, il s’agit d’une chemise en coton tricoté. Le corps doit comporter 21 raies blanches larges de 20 millimètres et 21 raies bleues de 10 millimètres ; les manches 15 raies blanches et autant de raies bleues. Si autrefois, le tricot rayé est porté sous la vareuse, aujourd’hui, la marinière taillée dans le jersey de coton se porte très souvent seule. C’est la pièce de l’uniforme la plus copiée par les créateurs.
Le pantalon à pont comprend sur le devant une pièce d’étoffe que l’on rabat et que l’on attache sur les côtés et à la ceinture avec des boutons. Il a l’avantage de présenter moins d’aspérités que la braguette pour les déplacements dans les gréements.
Aujourd’hui, le pantalon à pont est souvent évasé et se porte beaucoup au féminin. Installée à Deauville en 1913, Gabrielle Chanel s’en est inspirée pour créer des vêtements féminins confortables.
La chemise blanche à col carré bleu disparaît au XXe siècle, mais le col est conservé et devient amovible, porté sur le tricot rayé et la vareuse
Le col bleu, amovible, se porte entre le tricot et la vareuse. Il est devenu tellement représentatif du matelot qu’on le nomme du même nom.
La chemisette blanche à manches courtes apparaît en 1925, pour le service dans les pays chauds. Elle est encore en vigueur aujourd’hui. Le col carré de la chemisette est souligné de trois liserés qui rappelle le col marin.
Le caban est un manteau court en drap de laine bleu foncé, porté sur la vareuse par temps froid. il s’est appelé tantôt paletot, tantôt caban.
Les larges revers croisés peuvent se replier pour se protéger du froid. Le caban se termine par deux rangées de gros boutons. De grandes poches à ouverture verticale permettent de garder ses mains au chaud.
Le bonnet à pompon symbole à lui seul des marins, le « bachi » est en laine. Jusqu’en 1923, il est remplacé, l’été, par un chapeau de paille qui a inspiré le canotier.
Toujours en vigueur de nos jours, ses bords sont ornés de deux raies rouges La houppette de laine a d’abord été bleue et rouge avant d’être entièrement rouge.
En 1932, le pompon devient rouge et amovible. Maintenu par une agrafe, il est subtilisé dans les ports par des admiratrices enthousiastes qui déclarent qu’il porte bonheur..
Une deuxième salle décrit comment le costume du marin devient un moyen de propagande à travers le vêtement d’enfant. Ce glissement du militaire au civil s’opère principalement à travers la garde-robe de l’enfant. Le costume marin devient un grand classique. À la Belle Époque, l’engouement pour les bains de mer suscite la naissance de costumes de bain à rayures bleues et blanches (en tricot il ne devait pas être très confortable !)
Dès 1930, l’uniforme du dimanche pour l’enfant est celui du petit marin. Les congés payés et le tourisme de mer voient naître les maillots de bain en maille rayée. Dès 1913, Coco Chanel ouvre une boutique à Deauville et libère le corps des femmes avec des marinières de luxe en jersey de soie. Elle s’inspire des pantalons à pont et des marinières pour développer des vêtements féminins souples et confortables. En 1966, Yves Saint Laurent redessine le caban et le rend terriblement élégant. Dès les années 70, Jean Paul Gaultier fera des rayures l’emblème de sa marque.
Un dialogue entre le costume marin et la mode s’instaure sur un podium central où est exposé un florilège des tenues de créateurs et grands couturiers.
Tout autour, les uniformes et accessoires de la marine permettent au visiteur de comprendre leur inspiration et ainsi de suivre toute l’histoire du style marin que les créateurs n’ont pas fini de réinventer.
Depuis plus d’un siècle, l’aspect pratique de leurs tenues et la fascination qu’exercent les marins ont alimenté les fantasmes des créateurs et des autres. A l’image de Coco Chanel, les femmes émancipées, les artistes et les écrivains comme Suzy Solidor, Colette ou Ella Maillart arborent une tenue de marin souple et confortable, détournée ou non par un couturier
Le style marin se répand partout : dans la chanson, au cinéma, dans la BD…
Bien que 150 ans se soient écoulés depuis l’apparition de la première tenue de matelot, le vocabulaire vestimentaire dédié à l’univers marin a peu évolué. Les rayures, le bleu, le blanc, le pantalon à pont, les ancres brodées… inspirent toujours les stylistes et les uniformes de la Marine ont une influence inépuisable
Le prestige de l’uniforme, la gloire de la Marine Nationale, ont marqué l’imaginaire populaire Films, revues et affiches d’époque en témoignent.
Le marin et matelot voyageur fascinent les artistes. Brassaï le photographie, Cocteau, Genet, Fassbinder s’en inspirent. Sans oublier les cartes postales sentimentales des années 1950, qui idéalisent le marin et son pompon.
Les stars à partir des années 50, adoptent le tricot rayé qui connaîtra une gloire internationale, il est porté par des forts en style et personnalité. La preuve sur un mur de photos : Picasso, Bardot, Jean Seberg, Boris Vian, Montand, Foujita, Inès de la Fressange Catherine Deneuve, J P Gaultier, le Mime Marceau, mais … ni Sagan, ni Boris Vian et Ursula, ni Adjani, ni Chanel…..
L’exposition se clôt par une salle réservée aux lycées professionnels et techniques des métiers de la mode et de l’esthétique de l’académie de Paris ils ont travaillé (avec talent) sur le thème « marin ».
Musée de la Marine. 1 place du Trocadéro, 16e arrondissement. Tél.01.53.65.69.53. Jusqu’au 26 juillet.
© Photos Musée national de la Marine
Les coulisses de l’exposition et beaucoup d’informations complémentaires sur le blog de l’exposition
http://www.musee-marine.fr/blog/