La suite de notre récit de 1776.
Si vous n’avez pas lu la première partie, allez dans « Archives », catégorie « Les marchands ».
Le site du seul marché antiquité-brocante intra-muros de Paris
La suite de notre récit de 1776.
Si vous n’avez pas lu la première partie, allez dans « Archives », catégorie « Les marchands ».
Une nouvelle parution : dans The Paris Times – magazine gratuit en langue anglaise, distribué notamment dans les Offices de Tourisme des différents arrondissements parisiens, les librairies et bistrots anglais et américains, les Ambassades et Centres Culturels anglophones, ainsi que dans les grands hôtels (le Meurice par exemple).
Sur les 9 oeuvres d’art qui jalonnaient le parcours du tramway, 2 étaient à proximité immédiate de notre marché aux puces : celle de Angela Bulloch (Institut de Puériculture) et celle de Peter Kogler (pont de la porte de Vanves).
Pour vous souvenir et en savoir plus, voyez les pages 6 et 7 de la brochure ci-dessous :
Il s’agit d’une balance pour… cocons de ver à soie (le crochet est en haut à droite).
A mon dernier repas Je veux voir mes frères Et mes chiens et mes chats Et le bord de la mer A mon dernier repas Je veux voir mes voisins Et puis quelques chinois En guise de cousins Et je veux qu’on y boive En plus du vin de messe De ce vin si joli Qu’on buvait en Arbois Je veux qu’on y dévore Après quelques soutanes Une poule faisanne Venue du Périgord Puis je veux qu’on m’emmène En haut de ma colline Voir les arbres dormir En refermant leurs bras Et puis je veux encore Lancer des pierres au ciel En criant Dieu est mort Une dernière fois A mon dernier repas Je veux voir mon âne Mes poules et mes oies Mes vaches et mes femmes A mon dernier repas Je veux voir ces drôlesses Dont je fus maître et roi Ou qui furent mes maîtresses Quand j’aurai dans la panse De quoi noyer la terre Je briserai mon verre Pour faire le silence Et chanterai à tue-tête A la mort qui s’avance Les paillardes romances Qui font peur aux nonettes Puis je veux qu’on m’emmène En haut de ma colline Voir le soir qui chemine Lentement vers la plaine Et là debout encore J’insulterai les bourgeois Sans crainte et sans remords Une dernière fois Après mon dernier repas Je veux que l’on s’en aille Qu’on finisse ripaille Ailleurs que sous mon toit Après mon dernier repas Je veux que l’on m’installe Assis seul comme un roi Accueillant ses vestales Dans ma pipe je brûlerai Mes souvenirs d’enfance Mes rêves inachevés Mes restes d’espérance Et je ne garderai Pour habiller mon âme Que l’idée d’un rosier Et qu’un prénom de femme Puis je regarderai Le haut de ma colline Qui danse qui se devine Qui finit par sombrer Et dans l’odeur des fleurs Qui bientôt s’éteindra Je sais que j’aurai peur Une dernière fois.
*** A Gérard Bailleux (1940 – 2006), notre acrobate-mécanicien-brocanteur, qui nous a quitté il y a deux semaines. * Les images sont tirées de Clowns & Farceurs (J. Fabbri et A. Sallée dir., Bordas, 1982), que Gérard aimait beaucoup et que je lui avais acheté aux puces. Le texte est bien sûr de Jacques Brel, le cousin « chinois » de Gégé.
Chiffonnée, fripée, décolorée, démantibulée, gisant misérablement dans un cageot troué, les yeux révulsés, la perruque de travers et mitée, c’était , il y a longtemps, … une poupée. Une poupée, assise dans un coin, intouchable, le teint resplendissant, les anglaises de sa chevelure bien rangées, les rubans et dentelles de sa tenue empesés avec soin. Alors, si par hasard, dans un coin de grenier, vous découvrez un reste de poupée, mettez-la délicatement dans un petit carton, elle fera le bonheur de celle qui, enfant, ne devait la toucher qu’avec les yeux.
Un marché aux Puces, c’est avant tout un bordel, des marchands grognons, l’absence de structure sauvée par l’auto-gestion, une p’tite toile 18ème à €250, marcher dans une crotte de chien (ça, je pourrais m’en passer), un parcours du combattant pour obtenir une facture digne de ce nom, la chasse, l’affut, la découverte, la surprise, l’autenticité, la guerre des places de parking, un profil qui se métamorphose au lever du soleil (mince, c’était pourtant bien là que j’ai acheté ce mobilier de jardin!…), la bétise des acheteurs qui se connaissent et pourtant qui s’ignorent, l’horizon de ces marchands frigorifiés en hiver qui s’ouvre aux premiers rayons de soleil (parfois!), les meilleurs croissants de Paris au carrefour et un café filtre insultant à la caravane de l’angle, des têtes d’anges 17ème à coté d’une veste de velours élimée… Vanves c’est tout ça et bien davantage, mais si je me lève à 5h30 pour me taper la moitié du périphérique gélé en hiver sur mon scooter, il doit bien y avoir une bonne raison quelquepart. Longue vie aux Puces de Vanves, telles qu’elles sont.
Fabrice.
***
Merci Fabrice.