Serguei Paradjanov, un chineur de génie ?
Un chineur de génie ? Serguei Paradjanov ! (le grand cinéaste arménien-géorgien-ukrainien-azéri-etc.). Ecoutons Patrick Cazals, son meilleur biographe à ce jour : « Comme une règle de vie, le brocanteur Paradjanian père répétait tous les jours à ses proches : « Les objets, il faut que ça circule ! » Et son fils Serguei, admiratif, l’a écouté […] La Tiflis de 1930 était fière de son label prestigieux de Petit Paris […] Dans les demeures des familles aisées de Tbilissi, il n’était pas rare de trouver des merveilles : collections de tableaux précieux, lustres de maîtres vénitiens, tapis de tout l’Orient, joyaux de Colchide, émaux sur or et orfèvrerie de Fabergé, icônes, mobilier somptueux… Les difficultés nouvelles imposées par le régime bolchévique amenèrent très vite ces familles à vendre toutes ces richesses. Paradjanov avait gardé la nostalgie de cette enfance bohème et heureuse. Il en parlait toujours avec gaieté, n’hésitant pas à sortir l’argenterie familiale miraculeusement conservée, à plaquer deux accords sur un Bechstein vieillissant, exhibant un magnifique vase Gallé dont on se demandait par quel étrange circuit il avait pu arriver jusqu’à lui. Ce goût de l’objet et du troc était devenu pour Paradjanov une véritable esthétique » (Serguei Paradjanov, Ed. de l’Etoile/Cahiers du cinéma, 1993). Esthétique de l’assemblage d’objets, qu’il met en oeuvre dans ses films bien sûr, mais aussi dans les centaines de collages qu’il réalisera jusqu’à la fin de sa vie.
En février 1988, Paradjanov est autorisé, pour la première fois, à sortir d’URSS, et présente ses films et collages dans de nombreux festivals. A Rotterdam, par exemple, où il file aussitôt chiner aux puces, comme l’atteste la célèbre photo de Cazals ci-contre.
En novembre de la même année, il est à Paris pour l’ouverture de la rétrospective du cinéma géorgien. Peut-être file-t-il là aussi aussitôt après aux puces… De Vanves ?
*** Pourquoi n’iriez vous pas à votre tour à Erevan voir le musée qu’on lui a dédié, où « tableaux, collages, manuscrits, meubles et affiches retracent sa carrière et tentent de recréer l’athmosphère de sa maison familiale de Tbilissi, à présent à l’abandon » (Cazals) : http://parajanov.com/museum_info.html .
Vous avez jusqu’à Dimanche 8 pour y aller. Courrez-y.
Magique, féérique, enchanteur…..
Un univers onirique qui vous transporte