Pas
moins de cent trente modèles de la couturière retracent tout le travail et le
style de cette créatrice légendaire et innovante dont la marque a été
essentiellement la recherche de liberté, à travers des créations raffinées
magistralement conçues qui libéraient le corps et mettaient en valeur ses
formes naturelles, marquant ainsi l’évolution de l’émancipation du corps
féminin.
Après un
passage chez Kate Reily, Callot Sœur et Doucet, elle s’établit à son compte en 1912.
Ses créations rencontrent immédiatement les nouvelles attentes féminines.
Elle
s’installe en 1923 au 50 av Montaigne
Elle confie au décorateur Georges de Feure l’aménagement de ses salons
dans le style Art déco, faisant de ce lieu un véritable temple de la mode à la
conquête d’une clientèle internationale des plus raffinées
Cette
nouvelle adresse sera une vitrine exceptionnelle pour les arts décoratifs de
l’époque et une parfaite réussite quant à la modernité des installations, mais
fermera en 1939.
Un
mannequin en bois articulé d’une hauteur de 80 cm accueille le visiteur.
C’était un outil indispensable à Madeleine Vionnet : elle
créait ses robes en modèle réduit avant de les reproduire en grandeur nature.
Elle
utilisait une gamme de couleurs réduites : le
rouge, le jaune et chaque collection comportait systématiquement des modèles en
blanc et en noir. En 1929, maniant à la perfection le carré et le rectangle,
Madeleine Vionnet introduit le cercle permettant à la robe d’être plus près du
corps.
Tout son
vocabulaire se base sur ces trois formes qu’elle va travailler sans cesse,
toujours à la recherche de ce vêtement premier, le vêtement le plus simple, le
plus noble.
Des
modèles datant des années 1910 aux années 1939 l’accent est mis sur les
caractéristiques propres aux créations de la couturière que sont : la
structure et le décor du vêtement.
La
plupart des créations proposées sont parfaites dans leur simplicité. Peu de
couleurs, jamais d’imprimé. Un minimum de broderie. Des plissés révélant le
corps plus qu’ils ne le cachent. Il suffit d’un bouton pour faire tenir tout un
vêtement.
Ennemie
de la « mode », des caprices saisonniers et fugitifs, Vionnet est à
la recherche d’une beauté éternelle, immuable, pérenne.. On reconnaît d’emblée
la beauté plastique qui se dégage de chacune de ses créations, grâce à leurs
lignes épurées magistralement conçues jusque dans les plus infimes
détails. Ni photogéniques, ni
décoratifs, ils invitent à porter un regard nouveau sur l’esthétique de
l’époque.
Les
créations de la couturière témoignent de sa technique parfaite, de sa recherche
constante d’une cohérence entre le corps et le vêtement, de son goût de
l’épure.
Elle
ne fut pas la première à utiliser le biais, mais la première à l’employer pour
une robe entière. Une technique qui donne au vêtement son mouvement.
Les
éléments décoratifs ne sont jamais superflus, ils participent à l’architecture
et à l’équilibre du vêtement.
Technicienne
hors pair, elle pousse le raffinement à l’extrême pour atteindre une pureté
absolue des lignes, grâce à une parfaite maîtrise des propriétés intrinsèques
du textile, de la coupe du vêtement et de son placement sur le corps.
Pionnière
dans la maîtrise de la coupe en biais et de l’art du drapé, elle a su mettre
son génie au service des femmes et de leur bien-être.
Figure
phare de la haute-couture de l’entre-deux guerres, Madeleine Vionnet est
considérée comme « le couturier des couturiers ».
70 ans après la disparition
de la maison Vionnet la technique et la féminité de ses créations restent un
référent omniprésent qui inspire les générations actuelles de créateurs de
mode.
L’artiste,
car elle se veut telle, entend bien tout simplifier. Ses premiers chefs-d’œuvre,
elle les bâtit avec quatre carrés ou quatre rectangles égaux. Il faut le moins
de coutures et le moins de boutons possible.
Pour Vionnet, la robe est une
seconde peau.
Dans les années 20, elle poursuit sa démarche avec la coupe en
biais, jusque-là réservée aux doublures. Le bas de la robe et le bout d’une
manche sont pris dans le même morceau de tissu. Un exercice de haute voltige
garantissant un tomber impeccable.
Son
travail stylistique prend sa source dans le tissu lui-même, étudié dans ses
trois sens : droit fil, lisière et biais. Son secret ne pas contrarier le tissu, la robe et
la cliente doivent se fondre , l’une suivant l’autre comme son ombre.
Pureté des
lignes, coupe unique, sobriété simplicité
seront les mots les plus employés
pour qualifier ses créations.
Elle
sera visionnaire et son personnel bénéficera d’avantages sociaux inouïs pour
l’époque. Elle sera le premier couturier à se battre en justice au nom du droit
d’auteur et déclarera : « Copier c’est voler »
Elle fut
la première couturière à avoir conscience de la nécessité de conservation de
son patrimoine et lèguera, les archives de sa maison à l’Union Française des
Arts du Costume.
Première
rétrospective exclusivement consacrée à cette pionnière, il faut profiter de
cette occasion exceptionnelle de voir ces créations qui ont marqué l’histoire
de la mode.
Madeleine
Vionnet, puriste de la mode Les Arts
Décoratifs – Mode et textile 107, rue de Rivoli, 75001 Paris – 01 44 55 57 50
jusqu’au 31 janvier 2010
Carte postale, logo dessiné par Ernesto
Michahelles dit Thayaht, 1922,
Les Arts Décoratifs, Union Française des Arts du Costume © DR
Robe, été 1921,
Les Arts Décoratifs, Union Française des Arts du Costume © Patrick
Gries
Robe, hiver 1920 © Patricia
Canino
Robe du soir, hiver 1936
Les Arts Décoratifs, Union Française des Arts du Costume © Patrick
Gries
Robe, hiver 1920,
Les Arts Décoratifs, Union Française des Arts du Costume © Patrick Gries
Photographie de dépôt de modèle, collection été
1922,
Les Arts Décoratifs, Union Française des Arts du Costume © DR
Robe, été 1922,
Les Arts Décoratifs, Union Française des Arts du Costume © Patrick
Gries
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