Jakovsky
découvre aux Puces de Vanves le brocanteur/peintre Jean Fous ,
qui l’encourage à promouvoir la peinture naïve et à réunir des objets atypiques auprès
de brocanteurs..
« Les
Puces de Vanves avant le plan Courant »
Dans Paris mes Puces il décrit leurs rencontres :
« Il est
donc fort probable que les Puces de Jean Fous resteront. Elles ne resteront
peut-être pas en tant que peinture avec un grand P, mais en tant que premier, même
mieux (et je n’exagère pas), seul et unique témoignage valable, cela s’entend,
sur ces marchés et la vie de la zone…..
Patiemment,
il a exécuté le portrait des Puces avant leur décès……
Dix ans,
déjà… Eh oui ! dis ans que nous nous connaissons. Un bail, dira-t-il. Il
n’y a pas à dire, on se fait vieux. Quoi qu’il arrive, même s’il tournait mal
par la suite, je me souviendrai toujours de ce grand gaillard maigre, l’œil
malin de titi parisien, installen lentement, sans se presser, dans une rue de
Malakoff, juste en face du bistro Au timbre poste (une curieuse enseigne
représentant une Semeuse vert absinthe de trois sous), son pauvre, son
misérable étalage. De vieux cadres qu’il rafistolait lui-même, des paquets de
chiffons ou de vêtements que ses amies lui confiaient pour revendre, de cartes
postales, et quelques bibelot ébréché ; Puis, la mise en place terminée,
il traversait dignement la rue et s’installait à demeure devant le zinc. Un
paquet de « gauloises » suffisait tout juste pour sa matinée.
Un jour,
j’y ai aperçu, chez lui, sur le trottoir, deux petits tableautins, de cette
écriture maladroite que l’on qualifie aussitôt, faute de mieux, de naïve.
– Ça vous
plaît ? me demanda-t-il soupçonneux. Est-ce que c’est bon ?
Je pensais
tout de suite qu’il était en train de me jauger, ne sachant quel prix demander.
Mais non… Il voulait avoir mon avis. Comme ça, d’une façon presque
désintéressée, puisqu’il m’a avoué, à la fin que c’était lui qui les avait
peints.
– Ça me
prend de temps en temps, explique-t-il, d’une façon imagée, comme une envie
d’uriner… Alors je peins, sur n’importe quoi, n’importe quoi ! C’est plus
fort que moi…
Surtout
lorsqu’il trouve des toiles aux Puces et des couleurs d’occasion. Il s’en donne
alors à cœur joie.
Ce n’était
pas trop mal, bien sûr, mais il leur manquait quelque chose à ces tableaux, un
peu d’application, un peu de métier. Je lui ai donné quelques conseils ce
jour-là, mais sans l’influencer dans un sens quelconque. Lui, il m’a écouté
distraitement, occupé avec un client marchandeur.
Un peu
plus tard, il m’en a apporte d’autres, plus grands, plus soignés, plus finis.
Il était pris au piège et ne démordait plus. A tel point que, vers la fin de la
guerre, il ne faisait plus que cela. Il revenait toujours, aux Puces, par
intermittence, à cause de la « matérielle ».Mais le brocante ne
l’intéressait plus. Fini… Fini ! Tous ses loisirs, tous ses sentiments
passaient désormais là, dans ces petits tableaux représentant quelque coin des
Puces. »
Jean Fous
a représenté son propre éventaire en 1951
« Le
marché aux puces de Vanves »
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